La Mémoire de l’Or

 

De visu, le jaune ou toute couleur reflétant l’Or (les ocres, les Terres de Sienne, les jaunes-bruns, les beiges-orangés métalisants, etc…) peut apparaitre – comme un Soleil – pouvoir signifier ou figurer le souvenir “porteur” de toutes les oeuvres artistiques et créatives de l’humanité, depuis les temps antédiluviens jusqu’à l’époque contemporaine. Cette mémorance de l’illustre origine en l’instant présent – comme telle et toujours en oraison – est connectée à la réalité plénière, source de la grâce infinie et vecteur de toute félicité “vivante” !

Cette couleur nous rappelle les peintres primitifs italiens et flamands (Giotto, Cimabue, Simone Martini, Lippo Memmi, etc… ), et ceux de la Renaissance : Massacio, Donatello, Fra Angelico, les lances et chevaux dorés d’Uccello, les arbres et jardins paysagés de Piero della Francesca, les Vénus et saisons de Botticelli, les Sybilles de Michel-Ange, les chevelures blondes angéliques de Raphaël (ou de sa nymphe, Galatée). Mais encore, les reliefs de Bellini, l’Orage de Giorgione, les drapés du Titien et du Corrège, les noces de Véronèse, les figures saintes de Lucas Cranach. Au XVI ème siècle, les fonds Or-rose des frères Brueghel, les cieux ouverts du Gréco ou bien, les frontons et colonnades du Tintoret ; Et au XVII ème siècle, les traits cuivrés de Nicolas Poussin, les Amours enveloppés de Rubens, les visages bohèmes de Vélasquez, les murs et toîts ensoleillés de Vermeer de Delft, ainsi que les fenêtres de la sobriété heureuse, celles peintes par l’Auguste Rembrandt.

Les tournesols ou les champs de blé de Van Gogh ? Le Talisman de Paul Sérusier, le Christ de Trémalo ou la peau des Vahinées de Paul Gauguin ? On y retrouve la mémoire de l’Or !

Toutes les dramaturgies des peintres cités précédemment, les flots de toutes leurs émotions, de leurs impulsions, de leurs sensations, ces éléments qui se cherchent, se trouvent – via cette couleur précieuse qui les rassemblent et les entremêlent – à la croisée des chemins, comme à un gigantesque carrefour. Oui ! Tous les peintres du passé, du présent et ceux à venir, s’y mêlent, s’y côtoient et s’y revoient à jamais ! Ce n’est ni pour la première fois, ni pour la toute dernière fois, n’est-il pas ?

Le jaune est le souvenir et le rappel, la mémoire de l’Or alchimique et universel, cette richesse précieuse de l’homme… devenu son trésor intime, qui plus est, le plus rarissime.

Saorsa Aum ∞ ‘Carnets des Beaux-Arts’ (1987) de Philippe Le Maréchal, revu et corrigé le 14 Octobre 2018.

Peinture : ‘L’Ange de l’Annonciation’ (détail) de Simone Martini et Lippo Memmi, 1333 (Gallerie d’Uffizi, Florence). Tous droits réservés (D.R).